Assemblage #9 Après fragments

Le fragment est la partie d’un tout dont l’essentiel a disparu. L’intérêt pour le fragment témoigne autant de la perte de l’idée unificatrice que de l’espoir d’un prolongement par une nouvelle méthode de composition. Leur isolement témoigne de la destruction de la matrice mais par leur recomposition, les fragments différents créent une nouvelle entité. Pour Roland Barthes, qui s’est livré à cet exercice dans Fragments d’un discours amoureux, l’acte de découper et d’agencer des fragments de sens, permet d’explorer l’imaginaire et le rendre intelligible.

Les trois artistes d’Assemblage #9 ont eu recours à ses traces physiques ou mentales sous forme d’archives pour en extraire des éléments à recomposer.

Les références filmiques et sonores chez Ange Leccia, les photographiques de Constanza Piaggio ou les dessins et références à l’histoire de l’art et l’architecture d’Olivier Passieux, forment des corpus de prélèvements incomplets du réel, des restes de mémoire collective. À partir de cette collection de regards parcellaires, ils expérimentent l’espace du jeu par l’agencement ou le montage. Les combinaisons se font au grès d’intuitions intimes en vue de générer de nouveaux espaces poétiques. L’œuvre assume son instabilité, autorise un possible inachèvement.