León Ferrari, L’aimable cruauté

Le Centre Pompidou propose la toute première exposition muséale en France consacrée à León Ferrari (1920-2013), auteur d’un œuvre protéiforme, tour à tour mystérieux et littéral. L’inventivité formelle de l’artiste égale sa puissance subversive.

Ingénieur de profession, il s’installe en 1952 en Italie pour soigner sa fille atteinte d’une grave maladie. En 1954, il commence à réaliser ses premières sculptures en céramique. En 1962, le critique et commissaire d’exposition italien Arturo Schwarz l’invite à participer à l’exposition «Antologia Internazionale dell’Incisione contemporanea – L’Avanguardia internazionale», l’encourageant à réaliser de premiers dessins à l’encre. Frappé par les violences de son temps, notamment celles de la guerre du Vietnam, Ferrari voue son œuvre – à partir du milieu des années 1960 – à mettre en évidence la «barbarie» du monde libéral occidental. Tenant le christianisme pour responsable des phénomènes contemporains de torture et d’exclusion, son discours anticolonial se double d’un anticléricalisme farouche.

León Ferrari n’aura de cesse de nous mettre en garde sur le processus par lequel l’art embellit et banalise la violence – mécanisme qu’il nomme «aimable cruauté».

L’exposition est organisée à l’occasion du centenaire de León Ferrari, par le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid, le Van Abbemuseum, Eindhoven, le Musée national d’art moderne Centre Pompidou, Paris et avec la complicité de la Fundación Augusto y León Ferrari Arte y Acervo, Buenos Aires.