Alicia Penalba, Le langage des formes
Alexandre et Richard Fleury sont heureux de consacrer une exposition monographique à Alicia Penalba (1913-1982), artiste d’origine argentine et grande figure de la sculpture abstraite d’après-guerre. Le langage des formes se tiendra conjointement dans leur espace, avenue Matignon, du 15 septembre au 30 octobre 2021, et à la Maison de l’Amérique latine, boulevard Saint-Germain, du 17 septembre au 15 décembre 2021.
Cette exposition est l’occasion unique de redécouvrir l’univers singulier et sensible d’Alicia Penalba et son rapport à l’art abstrait. Initiée par la galerie A&R Fleury, cette rétrospective déployée en deux lieux réunit quarante-deux oeuvres, sculptures et collages, choisies pour offrir une vision approfondie de son oeuvre, porté tout à la fois vers l’éclatement des formes, la conquête des espaces et la monumentalité.
Penalba arrive à Paris en 1948 et y rencontre les avant-gardes d’après-guerre, dont Brancusi, Giacometti, Pevsner et Arp. Elle affirme progressivement son univers personnel en venant à l’abstraction à partir de 1951. Sa rencontre déterminante avec Claude Bernard en 1957 signe un tournant, celui du succès et de la reconnaissance internationale.
Les expositions à l’étranger se multiplient, notamment à la Otto Gerson Gallery de New York en 1960, et le grand prix de sculpture lors de la VIe Biennale de Sao Paulo, en 1961, consacre définitivement l’originalité de son oeuvre au sein de la création contemporaine.
Le parcours de l’exposition s’ouvre sur ses premiers travaux, Trois totems d’Amour (1) et Liturgie végétale (2), exposés lors de sa rétrospective «Totems et Tabous» en 1968 au Musée d’Art Moderne de Paris. Représentatifs des puissants rythmes verticaux, érigés vers le ciel, semblant renfermer des cavités énigmatiques, une vie intérieure, ces bronzes sont animés d’une forte dimension métaphysique et érotique, invitant le spectateur à découvrir un monde caché.
Penalba explore des voies multiples et développe également un vocabulaire de formes plus ouvertes, qui permettent à la lumière de pénétrer jusqu’au coeur de l’oeuvre. C’est le cas de Passion de la Jungle (3) et Ancêtre papillon (4), emblématique de cette période, dont un exemplaire a été exposé au Solomon R. Guggenheim de New York en 1958, lors de sa première exposition aux États-Unis. Un autre exemplaire de cette série est conservé au Centre Georges Pompidou. Etincelle (5) et Oiseau-sirène (6) expriment aussi cette ouverture des formes, davantage exposées au regard du spectateur. Les rythmes entre le plein et le vide se font plus présents, accentuant le jeu sur la concavité et l’imbrication des volumes.
Avec la série très recherchée des « Ailées », la démarche de Penalba s’oriente vers
la conquête de l’horizontalité. La spectaculaire Grande Imanta (7), qui fut exposée en 1967 lors de sa première exposition personnelle à la galerie Alice Pauli, témoigne de cette évolution. Ailealix (8), Scherzando (9), et Rumeur d’ailes (10) sont des oeuvres incontournables de cette période, où l’équilibre fragile des éléments superposés semble défier la pesanteur, tel que le decrivait Penalba : « c’est ainsi que mes sculptures ont commencé à être plus aériennes, transpercées de lumière, cherchant l’équilibre plastique dans toutes les directions. »
Enrichissant sans cesse sa pratique, Penalba reçoit des commandes lui permettant de s’exprimer à de grandes échelles dans des espaces extérieurs. Petit dialogue (11) annonce ainsi ses projets de miroirs d’eau, comme celui conçu pour le siège de la société Roche en 1971. La sculpture murale Amants multiples (12) préfigure quant à elle les dernières évolutions, lorsque les volumes donnent littéralement l’impression de s’envoler le long des parois.